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Lac Rose, la tranquillité menacée


Nous avons passé une nuit chez Souleymane, qui vient de créer son camping écologique au pied du lac. Discuter avec lui sur la protection de l'environnement nous a fait du bien car on ne peut pas dire que les Sénégalais aient conscience de la nécessite de préserver la nature, pourtant très présente dans leurs discours. On ne compte pas les déchets jetés dans les rues et sur la plage (il faut dire que les poubelles sont aussi rares que la fraîcheur).

Rastafari !

Souleymane, surnommé Jule comme tous ses homonymes ici, est un fils d'agriculteur. Il a récupéré les terres de sa famille pour y créer cet espace écologique. Dans son camping composé de cases (lampes solaires, douches et toilettes au seau), il va bientôt commencer un jardin biologique.

Nous avons eu la chance de passer une soirée sur ses canapés « locaux » à déguster un maffé (plat typique de viande à la sauce arachide) accompagné d'un bissap fait maison (la boisson locale à base d'hibiscus) et à partager longuement sur nos cultures respectives avec ses amis « rastas » et sa chienne Mira. Les chiens ne sont pas souvent domestiqués ici, il faut plutôt s'en méfier, nous avons donc pris plaisir à la câliner !

Des montagnes de sel

Le lac rose détient le record mondial de salinité avec 385 grammes de sel par litre, soit 10 fois plus que le taux normal en mer. Il est donc très prisé des ramasseurs de sel, essentiellement des Maliens et des Guinéens, présents en masse pour effectuer ce travail difficile : piquer le fond du lac pour casser les plaques de sel et les charger dans leur pirogue. Les rayons de soleil s'écrasent sur leur crâne et sur les épaules. Surtout, le sel déchire la peau malgré le beurre de karité qu'ils s'enduisent sur tout le corps.

Une fois la tonne ramassée, parfois après 6h d'effort, les femmes restées au bord du lac, déchargent le sel et forment des montagnes qui partiront plus tard vers les usines pour être iodées et prêtes à consommer. A notre période, le lac est quasiment au repos. Seuls quelques courageux s’affairent à remplir leur pirogue malgré la chaleur (près de 40° en ce moment) et le faible rendement.

La vie en rose ?

Le Lac Rose, dénommé initialement Lac Retba, tire son nom d'une algue qui, pour résister à la forte salinité, sécrète un pigment rose donnant la couleur à l'eau. Un décor aussi surprenant que magnifique, mais qui est hélas menacé. De plus en plus prisé des touristes africains, le Lac Rose voit les habitations pousser tout autour de lui, à quelques mètres du bord.

Ces constructions sur le canal, qui permet pourtant au lac d'être alimenté en eau de mer, couplées à l'évaporation naturelle, ont pour conséquence un recul du lac de trois à quatre mètres par an. A cette allure, autant dire que la récolte de sel en prendrait un sacré coup.

Après le Lac Rose, où nous retournerons au mois de janvier avec nos familles, nous avons enchaîné les taxis « clandos » (voitures inconfortables de 7 places pas chères donc les plus utilisées par la population) pour arriver à Toubab Dialaw où nous attendaient de belles rencontres...

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