top of page

Joal-Fadiouth, cochons, coquillages et catholiques


C'est en arrivant que nous avons rencontré tonton Augustin. Habitant de Fadiouth, il est guide officiel et prend plaisir à raconter l'histoire de son île.

Fadiouth est une île artificielle de 800 ans, entièrement recouverte de coquillages. Ce sont les premiers habitants venus d'Égypte, qui ont investi un petit îlot. Grands consommateurs de crustacés, ils ont amassé des tonnes de coquillages pour créer cette île, aujourd'hui reliée par un pont (pour piéton et « limous-âne ») à la ville de Joal.

Harmonie religieuse

Dès notre arrivée, nous avons été surpris par la présence de nombreux cochons en train de remuer le sable à marée basse, à la recherche de couteaux. Elle s'explique par le fait que la population de Fadiouth est à 90% catholique avec seulement 5% de musulmans (le reste est animiste). Des proportions inverses au reste du Sénégal.

L'entente entre les deux communautés religieuses est encore plus marquée ici puisque l'île héberge l'un des deux seuls cimetières mixtes du Sénégal. Une vie en harmonie exemplaire qui se traduit aussi par une aide mutuelle aux constructions des édifices religieux (églises et mosquées).

Baobab sacré, sacrés antiquaires

A proximité de Joal-Fadiouth, on trouve aussi le Baobab Sacré, soit disant le plus grand du Sénégal. Nous nous y sommes rendus en charrette avec le neveu d'Augustin, traversant les champs de mil, d'arachides et d'hibiscus. Âgé de 850 ans (ils vivent environ 1 000 ans), il impressionne par la largeur de son tronc creux pouvant accueillir une vingtaine de personnes.

Après un toucher de la main gauche, celle du cœur, nous sommes rentrés à l'intérieur où nous attendaient des centaines de chauves-souris. Cette visite reste pourtant gâchée par les antiquaires (vendeurs en tous genres), nombreux sur le site...

Joyeux bordel

Toujours avec Augustin, très attaché à nous faire découvrir le port de Joal, nous avons pu vivre l'effervescence d'un port à l'arrivée des pêcheurs. On croirait à un joyeux bordel et pourtant, chaque personne présente a un rôle bien défini :

- les pêcheurs sur leur pirogue vident le bateau dans des bacs ;

- les porteurs transportent le poisson et courent jusqu'au camion frigorifique ou jusqu'aux charrettes ;

- les réceptionnistes comptabilisent le nombre de bacs pour chaque transporteurs (payés au bac) ;

- les femmes scrutent le trajet des porteurs pour récupérer les poissons tombés de leur bac (c'est gratuit pour elles) ;

- les conducteurs de charrette emmènent directement le poisson fraîchement pêché aux fumeries ou sur les marchés de la ville ;

- les vendeurs de café touba pour les pauses des travailleurs ;

- les fabricants de glace pour conserver le poisson...

Bref, la pêche offre une multitude d'emplois aux Sénégalais.

Un peu à l'affût pour éviter les carambolages avec les porteurs de bac, nous étions fascinés par ce véritable spectacle, haut en couleurs (et en odeurs...!).

Lors de deux soirées apéros avec tonton Augustin, qui en passant apprécie beaucoup le vin rouge, nous avons notamment échangé sur la place des femmes dans la société sénégalaise. Antoine a compris qu'il avait le droit d'aller voir ailleurs tant qu'il restait discret. Alice, elle, a compris qu'elle n'avait rien à en redire !

De beaux souvenirs en tête, nous avons retrouvé notre village de pêcheurs à Toubab Dialaw pour quelques jours de repos.

You Might Also Like:
bottom of page