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Porto-Novo, capitale au charme désuet


Si Porto-Novo est officiellement la capitale politique et administrative du pays, elle n'est qu'un "gros village" qui a bien du mal à rayonner. Cotonou, la capitale économique, ayant été cédée rapidement aux Français, s'est bien plus développée que Porto-Novo. Encore aujourd'hui, Porto-Novo souffre de la concurrence inégale avec sa voisine. Les investissements pour la ville sont rares, d'autant plus que Porto-Novo reste le symbole de l'opposition politique. Les routes, par exemple, y sont très rarement goudronnées, ce que nous n'avons jamais vu dans les autres capitales d'Afrique de l'Ouest.


Royaume rival d'Abomey


Comme Abomey, Porto-Novo doit sa création à la scission entre les trois frères héritiers du trône d'Allada au début du XVIIème siècle. Le royaume d'Hoogbonu (ex Porto-Novo) se développe et devient le seul "concurrent" du grand royaume d'Abomey après la conquête par ce dernier d'Allada.

Mais face à la puissance d'Abomey, le roi de Porto-Novo, Toffa Ier, se rapproche très vite des Européens et notamment des Français avec qui il signe un traité commercial et d'amitié puis un traité de protectorat en 1883 qui lui assure la sécurité face aux conquérants rois d'Abomey.


Dans la tête des Béninois, Porto-Novo a "lâché" sans aucune résistance face aux colons français, contrairement à Abomey. Autant dire que, encore aujourd'hui, ce n'est pas le grand amour entre les habitants d'Abomey et les Porto-Noviens...


Patrimoine en danger


Conséquence de la colonisation précoce de Porto-Novo, une partie de la ville bénéficie de nombreuses infrastructures coloniales. Dans ce quartier, les bâtiments français ont été réinvestis par l'administration béninoise ce qui leur permet de conserver, un minimum, leur charme d'antan. Par exemple, l'ancien Palais des gouverneurs français (au passage installé en plein cœur de la forêt sacrée...), petit chef d'oeuvre architectural, abrite désormais l'Assemblée nationale.


A l'inverse, les anciennes maisons afro-brésiliennes construites par les esclaves affranchis tombent quasiment toutes en ruines. Héritées de leurs ancêtres, ces imposantes bâtisses (reconnaissables par leur nombreuses ouvertures pour une ventilation naturelle) sont devenues un fardeau pour les familles qui n'ont plus les moyens de les entretenir.

La grande mosquée, financée à l'époque par les Afro-brésiliens, est le symbole de l'abandon de cette richesse architecturale. Le magnifique édifice aux couleurs chaudes subit les conséquences du temps qui passe.


Le vaudou, un mode de vie


Cette ville calme au bord de la lagune nous a un peu plus éclairés sur la pratique vaudou. Une association a recensé quarante places vaudou et s'affaire à leur rénovation. Pour les identifier, il faut repérer trois éléments :

  • un temple reconnaissable à son portique, abritant un autel et une porte donnant sur un couvent. Le temple sert aux cérémonies de vénérations des divinités. A l'intérieur du couvent vivent les initiés qui apprennent la langue sacrée, les danses, etc... ;

  • un arbre sacré comme le fromager (ou kapokier), le kolatier ou l'hysope. Ce dernier est le plus important car il est considéré comme le "premier arbre". Cela vient d'une légende : la Terre-Mère souffrait de la séparation avec son mari, le Ciel. Cette séparation a provoqué une terrible sécheresse et toute forme de vie, humaine, animale et végétale, a peu à peu disparu de la planète. Triste, le Ciel a alors versé une larme. Celle-ci est tombée au sol. A cet endroit précis, un arbre s'est mis à pousser : un hysope qui est donc à l'origine de la renaissance de la vie sur Terre. Depuis, cet arbre aux nombreuses vertus médicinales est vénéré ;

  • le vaudou tô-legba, protecteur de la place, représenté par un petit amas de terre. Pour qu'il assure la sécurité des habitants, ceux-ci doivent régulièrement lui faire des offrandes. Mais attention, chaque divinité a ses goûts. Certaines aiment les sucreries (morceaux de sucre, bonbons, boissons sucrées...), d'autres apprécient l'alcool (sodabi), le sang animal ou encore l'huile de palme...

La pratique vaudou est très complexe et varie même selon les ethnies ou les régions. Nous avons donc choisi de vous parler de ces quelques aspects mais évidemment le vaudou est loin de se résumer à cela. Ce n'est pas qu'une religion, c'est aussi un mode de vie et même une culture à part entière.


Centre Songhaï


Avant de rejoindre Cotonou, nous avons également visité le Centre Songhaï. Ce centre de formation en agriculture biologique est une référence au Bénin et même en Afrique. Depuis plus de 30 ans, il reçoit des milliers de stagiaires pour leur apprendre, selon leurs moyens et le climat, à cultiver ou élever pour s'assurer un revenu décent. Il a fait ses preuves et a multiplié ses activités au point de réaliser toutes les étapes, de la production jusqu'à la vente en passant par l'emballage et le recyclage.

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