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Dapaong, les grottes protectrices des Moba


Pour rejoindre le Togo via le Burkina, on arrive par une ville coupée en deux par la frontière, Cinkansé ayant la particularité d'appartenir aux deux pays. La rivière traversant la ville fait office de frontière. Le Togo est l'un des plus petits pays d'Afrique. Avec une superficie de seulement 56 600 km², il est quatre fois plus petit que le Burkina voisin. Mais le Togo n'a pas toujours été si petit.


Das « Togo Land »


Lorsque les Allemands ont colonisé le pays (dénommé à l'époque Togoland), il comptait une région supplémentaire à l'Ouest. Après la défaite allemande en 1914, les Français ont récupéré la majeure partie de l'actuel Togo alors que les Anglais ont annexé leur partie au Ghana. Si ce pays longiligne paraît étroit (à peine 100km de largeur), il compte tout de même une cinquantaine d'ethnies (pour rappel, le Burkina et la Côte d'Ivoire en comptent une soixantaine chacun). Rien que dans la région des Savanes au Nord, où nous avons commencé notre périple, on recense une quinzaine de groupes ethniques. Le principal est celui des Moba, dont le chef-lieu est Dapaong.

Cette ethnie a la particularité d'avoir changé certaines traditions qui semblent figées partout ailleurs. Par exemple, dans l'organisation des chefferies : le chef, qui héritait de son statut par son père, est désormais élu par les villageois. Les candidats se placent face à face et les « électeurs » rejoignent celui qu'ils supportent. Une pratique ancestrale remplacée par une pratique de politique moderne qui ne ravit pas les plus anciens... Dans certains villages Moba, les chefs auraient même disparu puisque l'autorité des forces de l'ordre togolaises ont pris le dessus.


Les Moba conservent tout de même certaines traditions rituelles, notamment l'initiation (passage à l'âge adulte pour les garçons) qui dure six mois dans la brousse et la fabrication de statuettes incarnant l'esprit d'un défunt, ou artisanales, comme la poterie en terre cuite. Ce savoir-faire essentiellement féminin joue un rôle capital dans les cérémonies traditionnelles et la technique reste ancienne. L'argile n'est pas cuite au four mais directement dans les braises. Les poteries en photo représentent un foyer de préparation de boisson locale.


Abri à flanc de falaise


Les Moba ont aussi un passé guerrier. Les grottes de Nok, près de Dapaong, en témoignent. Installées sur le flanc des falaises entre le 14ème et le 16ème siècle, elles servaient de refuge aux populations en cas d'attaque d'ethnies rivales puis plus tard, des esclavagistes. Surtout, l'installation de 134 greniers et de poulaillers incorporés dans la roche permettaient de protéger les vivres et ainsi de vivre en autarcie pendant plusieurs semaines.

Si depuis les années 90, un escalier permet d'y accéder, les villageois et les premiers visiteurs devaient utiliser les lianes pour descendre dans la caverne, à 430 mètres d'altitude. Une fois réfugiés, les grottes pouvaient abriter une centaine de personnes, ce qui nécessitait une certaine organisation. Elles étaient divisées en trois compartiments : le coin des femmes pour faire la cuisine et s'occuper des enfants ; le « salon » des hommes pour fabriquer et stocker les flèches empoisonnées et autres armes ; et le coin commun qui permettait à chacun de se reposer.


Ce site, classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, offre une vue imprenable sur la vallée aride de la région, où les falaises semblent pousser comme des champignons. Ce décor sec du Nord-Togo contraste avec le paysage verdoyant que l'on découvrira quelques jours plus tard en faisant route vers le sud du pays.

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