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Nazinga, au pays des éléphants


À Nazinga, tout proche de Pô, Timothé tient un petit campement au pied du parc. Fils de braconnier, amoureux de la brousse, il a développé un œil de lynx pour repérer tous les animaux qui vivent dans la réserve qu'il connaît comme sa poche. Ses quelques 91000 hectares nous ont offert l'un de nos plus beaux moments.


Œil de lynx


Pour notre première sortie, il nous avait promis de croiser la route d'un éléphant, animal roi de Nazinga. Installés à l'arrière de notre pick-up, nous avons d'abord observé les cousins des antilopes, présents également dans une réserve sénégalaise : les cobs de Fassa, les cobs de Buffon, les antilopes-cheval (bibal) et les gibbs harnachés. Mais Timothé gardait son objectif en tête, cherchant la moindre trace du plus grand mammifère terrestre. D'abord une bouse bien fraîche, puis une trace de patte grande comme un ballon. Pas de doute, nous sommes sur la bonne route mais encore faut-il repérer l'imposante silhouette entre les arbres.

Tout d'un coup, Timothé lève le doigt et tape sur la voiture pour indiquer au chauffeur de s'arrêter. Caché dans les feuillages, un mâle solitaire pointe le bout de sa trompe. Lui aussi nous a très vite repéré et a voulu satisfaire sa curiosité en venant droit vers nous, écrasant tout sur son passage. Déjà satisfaits par cette sauvage rencontre, nous avons ressenti une drôle de sensation, entre peur et émerveillement, lorsqu'il s'est approché à moins de 5 mètres de la voiture... Jacques, surnommé ainsi par notre guide, sans petit à protéger, est resté très calme, suivant même notre voiture pendant quelques instants. Nous l'avons laissé arracher les branches avec sa trompe pour son dîner, qui dure en réalité toute la journée puisqu'il mange jusqu'à 200 kg de nourriture et boit près de 150 L d'eau par jour. On le recroisera avant d'atteindre la mare aux crocodiles du Nil, nous offrant de magnifiques clichés.

La patrouille des éléphants


Le lendemain à l'aube, après notre seule nuit fraîche du Burkina, Timothé s'était fixé un nouvel objectif : trouver une famille d'éléphants. Il nous a emmené dans les hauteurs, qui offrent une vue imprenable sur le parc. De là, il a encore une fois fait preuve d'une vision incroyable : un troupeau d'une dizaine d'éléphants marchait à la queue-leu-leu. Il faut faire vite. Remonter dans le véhicule et foncer pour les intercepter sur le chemin.


Mission accomplie. Nous tombons nez à trompe avec les matriarches et leurs éléphanteaux. Cette fois, hors de question de s'approcher car elles prennent notre présence pour une menace. Elles forment alors un cercle autour de leurs petits et barissent, la trompe en l'air. Nous profitons du spectacle jusqu'à que la vieille pachiderme nous fasse comprendre qu'il est l'heure de déguerpir. Elle ouvre ses larges oreilles, accélère le pas et, tel un buldozer, défonce tout sur son passage pour nous charger. De petits cris (nous ne dévoilerons pas leurs auteurs) nous alertent et notre chauffeur, surpris lui aussi, appuie lourdement sur l'accélérateur. Remis de nos émotions, nous profitons des derniers instants dans le parc avec une horde de singes verts, très curieux et prêts à nous présenter leurs petits.

Loi de la Nature


Le parc de Nazinga a longtemps été victime du braconnage. Heureusement, les autorités ont réagi assez tôt pour préserver le majestueux mammifère qu'est l'éléphant. Depuis, leur nombre reste stable et les gérants du parc laissent faire la nature. Un éléphant malade ou mourant n'est pas secouru. Aujourd'hui, la chasse au gibier est toujours autorisée mais elle est évidemment réglementée. Elle fait même vivre le parc grâce aux tarifs appliqués mais aussi aux dons des chasseurs.


Très heureux d'avoir vécu ce moment tous les trois, nous partagerons ensuite une calebasse de dolo, la "bière" locale à base de mil rouge, puis nous laisserons Julie quelques jours plus tard à l'aéroport de Ouagadougou, pour rejoindre la ville de Boromo.

Pause poétique : L'hymne de Nazinga, par Serge Armengol

Ici, faites le silence, il n'y a pas de mirage,

Mais la réalité de la beauté sauvage.

Pour découvrir la faune, sachez prendre le temps,

Ecoutez tous les bruits et apprivoisez le vent.

L'antilope-cheval, à la noble prestance,

Dans un galop fougueux marquera sa présence.

Majestueusement, les troupeaux d'éléphants,

Vous intimideront, protégeant leurs enfants.

Restez bien sur la piste, admirez la beauté.

La flore a pour écrin l'arbre de karité.

Le beau cob de Fassa, de son allure altière,

A les yeux qui la nuit deviennent des lumières.

Le perroquet Youyou, jaune vert et orange,

Habillé par le ciel, a la beauté des anges.

Les familles de phacochères, s'approchant d'un point d'eau,

Rencontreront les buffles et les grands calaos.

Dans les mares endormies, vous irez sur les îles

Attention aux troncs d'arbres qui sont des crocodiles.

Nazinga, c'est l'accueil, c'est aussi la détente.

C'est le plaisir des yeux, et les nuits qui enchantent.

Si vous cherchez le lieu où la vie prend sa sève,

Allez à Nazinga... pour y cueillir du rêve.

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