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Conakry, capitale en désordre


(Crédit photo : AFP)

Contraints de récupérer nos visas ivoiriens à Conakry et avec l'image de Dakar en tête, nous n'avons pas rejoint la capitale de gaieté de cœur. Banco ! A peine arrivés, nous nous sommes retrouvés coincés à l'entrée de la ville. Les militants des grands partis politiques entamaient la dernière ligne droite avant le vote des élections communales, deux jours plus tard. Ils ont donc bloqué les axes principaux, formant des kilomètres de bouchons. L'attente entre les pots d'échappement et dans la chaleur étouffante étant insupportable, nous sommes partis à pied, sacs sur le dos, dans la folie électorale.


Élections attendues et malentendus


Dans la rue, des milliers d'habitants criaient, arrosaient les passants, tapaient sur les voitures, klaxonnaient et faisaient des acrobaties sur leur moto. Comme si la Guinée venait de gagner la Coupe du Monde de foot ! Une ambiance pas franchement rassurante à la nuit tombante et alors qu'il nous restait une trentaine de kilomètres à parcourir avant de trouver un hébergement. Après une journée de trajet, cette arrivée rocambolesque a fini de nous décourager. Heureusement, deux Africains ont bien voulu nous emmener dans leur voiture (impossible de trouver un taxi) et nous ont dépanné pour la nuit chez une connaissance.


En Guinée, les élections communales étaient attendues depuis plus de vingt ans. Constamment repoussé, ce scrutin a priori banal en dit long sur l'apprentissage démocratique du pays. Les habitants semblent dégoûtés par les agissements (ou plutôt non agissements) de leurs gouvernants. Pourtant, l'engouement que le passage d'un simple candidat dans la rue a entraîné ce soir-là, nous laisse perplexe.


Deux jours plus tard, après la fermeture des bureaux de vote, la chaîne nationale (pro-gouvernementale) assurait de la bonne tenue des élections. Mais dès le lendemain, des débordements ont eu lieu dans tout le pays, sous fond d'accusations de fraude de la part du parti d'opposition. Ces heurts ont fait 7 morts... Deux semaines plus tard, les résultats officiels n'étaient toujours pas connus.


Histoire oubliée


Ce climat tendu ne nous a pas incité à mettre le nez dehors, surtout que Conakry, comme nous l'attendions, n'offre pas grand-chose à voir. Cette ville sale, très polluée par les déchets plastiques et le trafic routier, où la chaleur et l'humidité sont écrasantes, rend toute sortie désagréable. Nous avons tout de même visité le Musée national de la Guinée qui est à l'image de l'intérêt du pays pour son Histoire. Très peu entretenu, sans grand intérêt, le musée nous a simplement appris l'existence du masque Nimba, l'un des symboles du pays. Il représente une femme nourricière à la poitrine pendante et au nez en forme de bec, celui du calao, oiseau symbole de la fertilité. Il se porte lors des cérémonies (baptêmes, mariage, etc.) ainsi qu'aux moments clés de l'agriculture (plantations, saison des pluies, récolte).


Heureusement, la gentillesse des Guinéens et leur attention envers les étrangers nous ont redonné le sourire. Toujours prêts à aider sans rien demander en retour (contrairement à ce que nous avons souvent vécu au Sénégal),


Malgré l'actualité guinéenne, nous ne regrettons pas d'avoir assisté à cette période électorale. Cela fait partie des aspects de l'Afrique qu'il est intéressant de comprendre.


Avec nos visas et bien reposés, nous avons enfin quitté Conakry pour Koba, un petit village tranquille sur la côte ouest du pays.


(Vous aurez remarqué que cet article ne contient pas de photo. Cela s'explique par la difficulté à prendre des photos dans la ville sans trop se faire remarquer.)

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