top of page

Carabane, l'île de Gorée casamançaise


Palmiers et cocotiers, plage de sable fin, une mer qui se faufile dans les terres... La petite île de Carabane, qui fait tout de même 57 km², a tous les atouts pour passer du bon temps. Ses habitants accueillants et souriants, peu nombreux à y vivre toute l'année, reflètent bien l'esprit de la Casamance.


Petit homme au grand cœur


Nous n'avons d'ailleurs pas mis longtemps à rencontrer celui qui a rendu notre séjour sur l'île encore plus agréable. Chimère tient un petit restaurant très simple sur la plage, qui est devenu notre cantine.

C'est un petit bout d'homme aux dents du bonheur et au rire communicatif. Sans courir après, il prend plaisir à accueillir les touristes et fait bien plus que les nourrir. Ils nous a notamment accompagné au bout de l'île (village de Kafar) pour nous faire découvrir ses paysages et pour une partie de pêche qui a malheureusement tourné court.


La force de Chimère, c'est aussi sa famille. Sa femme Emma, dont il est follement amoureux, est une mère douce et forte à la fois. Courageuse, elle enchaîne les journées de travail (dans les rizières la journée et aux fourneaux du restaurant le matin et le soir) jusqu'à l'épuisement mais parvient tout de même à garder le sourire.

Les deux parents ont aussi cinq beaux enfants, quatre garçons et une fille, qui ont tous hérité du sourire de leur mère et de la gentillesse de leur père.

Cette jolie famille nous a beaucoup touché et nous sommes d'ailleurs retournés les voir avant de quitter la Casamance.


Une « école » très spéciale


Sous ses allures paradisiaques, l'île de Carabane a pourtant connu l'enfer par le passé. C'est sur ce bout de terre que les colons français (et portugais avant eux) avaient établis leur camp de base, pour ne pas dire leur camp de concentration... Comme à Gorée près de Dakar, les Français ont désigné Carabane comme point de départ du commerce des esclaves casamançais et guinéens.


Les colons ont même poussé le vice jusqu'à appeler ce camp, l'« école spéciale ». On dit d'elle qu'elle accueillait les autochtones, trop récalcitrants à se faire exploiter, pour être former à un métier. Mais selon Sidi, un jeune casamançais (et fier de l'être), tous les futurs esclaves de la région (hommes, femmes et enfants) sont passés par ce lieu sinistre avant d'être envoyés à Gorée, puis en Europe ou en Amérique pour être vendus.


Outre la tristesse que l'on ressent en pénétrant dans ce lieu, nous sentons les habitants encore très marqués par cet horrible passé. Plusieurs d'entre eux évoquent les récits de leurs ancêtres, capturés dans les villages et passés par la « porte de non retour » menant vers l'océan.


Grenier du Sénégal


En Casamance, une autre histoire, plus récente voire actuelle, occupe les esprits. Isolée entre la Gambie et la Guinée Bissau, cette région est considérée comme le « grenier du Sénégal ». Autrement dit, la richesse naturelle (arbres fruitiers, rizières,...) due à un climat plus humide nourrit l'ensemble du Sénégal, sans contreparties. Cette sensation d'exploitation a mené, dans les années 1980 et jusqu'au début des années 2000, à une guerre civile entre les rebelles casamançais et l'armée sénégalaise.


Dans sa jeunesse, en revenant des rizières, Sidi s'est lui-même retrouvé coincé entre les tirs des deux camps. Comme dans tous conflits violents, de nombreux civils ont perdu la vie. Aujourd'hui, des tensions persistent d'où une très forte présence de l'armée et de nombreux contrôles sur les routes. Pour des touristes comme nous, ces conflits ne sont pas perceptibles, même si tout le monde assure qu'ils existent bel et bien (les groupes rebelles, s'ils sont bien moins actifs, sont toujours présents). On s'aperçoit toutefois que le sujet reste tabou.


Après notre halte sur l'île de Carabane, nous avons retrouvé le continent pour rejoindre le village de Diembering et en apprendre un peu plus sur la culture diola, l'ethnie la plus présente en Casamance.

You Might Also Like:
bottom of page