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Ouidah, la traite négrière et l'origine vaudou


Comme nous l'avons découvert à Grand-Popo, le Bénin a tenu un rôle important dans la traite négrière. Ouidah, petite ville maritime au sud-ouest du pays, était au coeur de ce trafic, à partir des années 1600 et jusqu'à l'abolition de l'esclavage en 1848 (soit plus de 200 ans d'horreur!). Aujourd'hui, elle est devenue la place centrale de commémoration et retrace le parcours inhumain infligé aux captifs. Ceux qui transitaient par le plus grand centre d'embarquement de la région étaient originaires du Nigéria, du Burkina Faso et du Bénin. Ils seraient plus d'un million à avoir franchi la porte du non-retour sur la plage de Ouidah.


Arrachés de leurs villages, vendus pour des pacotilles


Cela peut paraître surprenant mais ce ne sont pas les Européens qui venaient directement capturer dans les villages les futurs esclaves. Ils se "contentaient" de les commander au royaume de Dahomey, qui couvrait quasiment tout le sud du Bénin, selon quelques critères physiques : des hommes forts, des femmes à la poitrine parallèle au sol (donc souvent très jeunes) et des enfants endurants.

Une fois choisis, les malheureux étaient enchaînés et entamaient une longue marche vers Ouidah. Elle se faisait toujours de nuit pour ne pas reconnaître les lieux et pour éviter les regards des habitants. Ces derniers recevaient l'ordre de ne jamais les regarder passer sous peine d'être capturés à leur tour.

Arrivés à Ouidah, ils étaient mis en vente sur le marché des enchères contre de la poudre à canon, des boucles d'oreilles, des miroirs, du tabac, de l'alcool, etc. Avec un kilo de poudre à canon, les Européens pouvaient récupérer 21 femmes ou 17 hommes... Ils étaient ensuite marqués au fer rouge du nom de leur acheteur puis étaient parqués dans les forts (portugais, néerlandais, britannique, français et danois). Lorsqu'un bateau approchait, ils reprenaient la route pour rejoindre la côte.


Des étapes cruelles


Avant cela, ils s'arrêtaient à "l'arbre de l'oubli" censé les rendre amnésiques. Les esclaves "mâles" tournaient neuf fois autour et les esclaves "femelles" sept fois. Ils continuaient ensuite vers la case Zomaï, une sorte de prison hermétique pour que les esclaves ne voient pas la lumière du jour deux semaines durant. L'objectif étaient d'imiter les cales des bateaux et de tester leur résistance aux conditions de voyage.


Sur la terre ferme, une dernière étape les attendait : l'arbre du retour. Ce n'était pas du tout un signe d'espoir comme le nom pourrait le laisser croire. Hommes et femmes faisaient trois fois le tour, non pas pour espérer revenir un jour mais pour qu'après leur mort, leur âme retrouve la route de l'Afrique. Avant de subir plusieurs mois de voyage, ils passaient devant la fosse commune où gisaient ceux qui n'avaient pas supportés le parcours. Les esclaves malades ou trop faibles y étaient jetés encore vivants...


Embarqués dans le bateau négrier, les esclaves béninois mettaient les voiles vers l'île de Gorée au Sénégal puis vers le Brésil, exportant avec eux leur culte traditionnel : le vaudou.


Le Bénin, berceau du vaudou


Notre vision du vaudou est erronée. Si l'état de transe est pratiqué durant les cérémonies, effacez de votre tête ces images de poupées dans lesquelles on pique des pointes. Née au Bénin, la religion vaudou pourrait faire partie des religions monothéistes puisqu'elle reconnaît l'existence d'un être suprême, appelé Mahu. Ce Dieu tout puissant, dont on ne sait s'il s'agit d'un homme ou d'une femme, a également des disciples, appelés divinités. Elles sont une cinquantaine et chacune est implorée pour une raison particulière : divinité des revenants, de la foudre, de l'amour, de la guerre ou encore de la maladie.

Les prêtres Fâ représentent l'intermédiaire entre les terriens et les divinités. Ils ont le pouvoir de conseiller et d'annoncer l'avenir à travers des cauris. Lors d'une audience avec un prêtre Fâ, le villageois murmure ses besoins aux cauris puis les lance à terre. Le Fâ, qui a des dons de voyance, lit dans les coquillages pour transmettre le message des divinités. Selon le problème évoqué, le Fâ avertit le villageois des offrandes qu'il devra faire à la divinité concernée.


Si l'origine du vaudou est très ancienne, ce n'est qu'en 1990, lorsque le Bénin a proclamé la liberté de pensée, d'expression et de pratiques religieuses, que cette croyance est reconnue et autorisée dans le pays. Elle était en effet diabolisée et même interdite par Kérékou (président de l'époque) depuis 1970. Ainsi, les Béninois associent souvent deux religions : chrétiens ou musulmans, et praticiens du vaudou.


Vénérables pythons


Aussi, les vaudouistes vouent un culte particulier au python. Selon eux, ce serpent inoffensif pour l'Homme a assisté à la création du Monde. Ouidah abrite un temple qui leur est consacré. Une trentaine de pythons, que personne ne craint (sauf les touristes comme nous!), y vit. Ces animaux au sang froid sont même régulièrement lâchés dans la ville pour se nourrir. On dit qu'ils reviennent d'eux-mêmes une fois qu'ils ont fait leur réserve en rongeurs. Le python n'a pas besoin de sortir plus souvent car il met des semaines à digérer.

Le royaume de Ouidah, longtemps indépendant, a fini par être conquis par le plus puissant royaume de la région, celui du Dahomey. Nous avons rejoint Abomey et sa cour royale pour mieux comprendre son histoire.

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