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Entre Abéné et Kafountine, pirogues, festival et convoitises


À quelques kilomètres de la frontière gambienne, Abéné est un village tranquille connu pour son festival annuel (qui a lieu fin décembre mais que nous avons manqué de peu) et ses plantations. Non pas les nombreux filaos qui bordent la gigantesque plage (près de 40 kilomètres de long), mais la culture intensive... de marijuana.

La Marie-Jeanne solidaire

Formellement interdit au Sénégal (sous peine d'emprisonnement), le cannabis semble étrangement être accepté, du moins toléré, par les autorités dans cette région. C'est notamment dans les îles Karone, difficiles d'accès, que les mamas entretiennent des champs entiers. Comme n'importe quelle autre revenu agricole, la « Marie-Jeanne » aide au financement des écoles ou encore des postes de santé. D'après le Guide du Routard, l'armée ose rarement s'y aventurer, les fétiches faisant « trembler les militaires ».

Comme à la maison !

Hasard ou non, les Hollandais sont très présents dans cette région. Bert, s'il n'est pas fumeur, est l'un d'eux. Marié à Dioukou, une mama typique du Sénégal, autoritaire et bienveillante à la fois, cet artiste néerlandais tient un joli campement au cœur du village. Peintre talentueux, il a aussi quelques talents d'architectes, comme en témoignent les cases de l'auberge. Scène assez surréaliste ici : Dioukou chantant « pour un flirt avec toi » ou encore du Julien Clerc en cuisinant des crêpes !

Autre particularité d'Abéné, ce village abrite un énorme fromager. En réalité, six arbres s’entrelacent n'en formant qu'un. À l'intérieur, on se sent tout petit (petit jeu : tentez de nous retrouver sur la photo).

Zir-combat

Après une longue marche vers Niafrang, nous avons rencontré le responsable du comité de lutte contre l'exploitation du zircon. Ce diamant, qui sert notamment au bon fonctionnement des téléphones portables, fait l'objet de nombreuses convoitises. Récemment découvert dans les sous-sols du village, son exploitation est vivement contestée par les habitants qui pourraient perdre leur terre sans aucune contrepartie. Les Australiens tentent d'obtenir le marché avec le soutien du gouvernement sénégalais mais face aux protestations, leur projet traîne.

Les Chinois, omniprésents au Sénégal et visiblement dans toute l'Afrique, sont à l'affût avec une méthode plus « maligne ». Ils viennent d'implanter une usine de fabrication de farine de poissons à Abéné (qui, en passant, privera bientôt les habitants de leur principale nourriture). Un prétexte, selon certains habitants, pour construire des routes et ainsi peser de tout leur poids lors des futures négociations concernant le zircon.

A Niafrang, nous avons également rencontré un jeune résistant, qui, en tentant de stopper le début des travaux (une drôle d'histoire puisqu'il n'existe pour l'heure aucun accord), a pris un coup de marteau sur la tête qui aurait bien pu le tuer...

Richesses convoitées

Le nombre d'entreprises étrangères au Sénégal se multiplie pour exploiter les richesses naturelles du pays (zircon et bois de vène en Casamance, pétrole sur la côte, poissons, etc.). Leur arrivée a souvent des conséquences terribles sur le quotidien des Sénégalais.

Les pirogues du dangereux espoir

Certains d'entre eux, désespérés de ne pas trouver de travail, tentent le tout pour le tout : rejoindre l'Europe en pirogue, quitte à s'endetter lourdement, et surtout à risquer leur vie. A Kafountine (au sud d'Abéné), Demba a clairement affiché cette ambition. Il fait construire sa pirogue dans un impressionnant chantier, normalement destiné aux pêcheurs.

Les parties de la pirogue sont taillées dans les plus grands arbres du Sénégal : fromager ou bois rouge. Certaines peuvent atteindre jusqu'à 24m de long et plus de 2m de profondeur. De quoi entasser quelques tonnes de poissons et parfois près de 40 pêcheurs. De jolis bateaux, aussi bien peints que nus.

Ainsi se termine notre séjour en Casamance. Un dernier passage à Ziguinchor pour fêter le Noël le plus folklorique de notre vie. Un réveillon à danser le zouk dans un « dancing » en buvant des Gazelles jusqu'à 5h du matin, et le jour de Noël à manger chez tous les voisins de notre hôte (6 repas dans la journée) jusqu'à en tomber malade !

Reposés, nous avons retrouvé Dakar et sa fourmilière en attendant l'arrivée de nos familles pour découvrir l'île de Gorée.

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