top of page

Togoville, les racines togolaises


Pour comprendre l'histoire du pays, il est indispensable de se rendre à Togoville, située au sud-est du Togo. C'est là que s'est installée une fraction du peuple éwé, venue de leur fief Notsé. Ils donnèrent le nom de Toa-Go au village, signifiant « au pied de la falaise », celle qui les protégeait des ennemis.


Deutsche qualität


Toujours gérée par la dynastie des rois Mlapa lors de la colonisation allemande, la ville a donné son nom au pays, le Togoland, après la signature du traité de protectorat avec l'Allemagne. C'est en effet le roi Mlapa III qui, en 1884, a signé ce document avec le docteur Gustav Nachtigal, envoyé par le chancelier allemand Otto van Bismarck. Cet accord a donné des droits sur le pays à l'empereur allemand en échange d'une protection. La ville a alors pris le nom de Togostadt puis Togoville après l'arrivée des Français en 1914.


Au passage, il faut signaler qu'encore aujourd'hui, les Togolais ne cachent pas leur préférence pour l'Allemagne (les associations allemandes sont très présentes dans le pays). Ils considèrent que les Français ont simplement profité des infrastructures allemandes. Pour eux, l'Allemagne est donc la seule à avoir investi pour le pays. Autant dire que lorsque la France a cherché à recruter des soldats africains lors de la Seconde Guerre mondiale, les Togolais étaient peu nombreux à s'engager.


Vierge Marie apprend la pirogue


En 1910, c'est aussi à Togoville que les Germaniques ont construit la première église du pays, toujours debout aujourd'hui. Ce qui fait de la ville un lieu de pèlerinage annuel pour tous les catholiques togolais. D'autant plus que la Vierge Marie serait apparue à trois reprises sur le lac Togo, qui borde le village. Sa première apparition en 1973 – sa pirogue est précieusement conservée près du sanctuaire marial – a provoqué la venue en grande pompe du Pape Jean-Paul II, dont les habitants sont encore très fiers.

Avant l'arrivée des missionnaires, la première capitale était essentiellement un territoire vaudou. Aujourd'hui, les catholiques et les vaudouistes se partagent la ville. Des fétiches en terre, représentés par des silhouettes masculines ou féminines, protègent ses quartiers. Selon les divinités qu'ils veulent implorer, les habitants leurs font des offrandes. Nous reviendrons sur cette religion dans nos articles sur le Bénin, où elle est très présente.


L'un des principaux lieux sacrés de Togoville est l'arbre protecteur des jumeaux (c'est un lieu sacré donc pas de photos). Huit jours après la naissance de jumeaux, les femmes du village et des environs se réunissent au pied de ces deux grands fromagers, l'un représentant la masculinité et l'autre la féminité. La mère accroche un drap blanc au tronc pour demander aux divinités la protection de ses enfants. Un bout de ce tissu est placé au fond d'un canari installé dans la chambre des nourrissons.

Agbodrafo, la porte de non-secours

En traversant le lac Togo, où de nombreux filets capturent les crevettes dont il regorge, nous arrivons dans la ville d'Agbodrafo. Celle-ci, dénommée « Porto Seguro » (porte de secours) par les négriers portugais, est tristement célèbre pour abriter la maison des Esclaves. Tous les Togolais destinés aux Amériques ont transité par ce lieu après avoir été vendus à Togoville. Ils étaient entassés dans le sous-sol de la maison portugaise, sans possibilité de se lever. Un simple parquet les séparait des chambres confortables des commerçants. Peu entretenue, la maison reste le principal symbole de la traite négrière dans la région.

Après l'abolition de l'esclavage, si les propriétaires ont quitté les lieux à la hâte, nombre de commerçants négriers sont restés dans la région pour faire fortune dans l'exportation de l'huile de palme.


Notre périple togolais s'arrête ici, et après un dernier petit pipi, direction Grand-Popo au Bénin.

You Might Also Like:
bottom of page