top of page

Boffa, pêcher et prêcher



Petite ville au bord du fleuve Rio Pongo, Boffa se situe à deux pas de l'Océan Atlantique. Elle est aujourd'hui une ville destinée à la pêche. Mais à l'époque coloniale, il s'agissait surtout d'un des plus importants ports négriers du pays. Même après l'abolition officielle de l'esclavage en 1830, cette ignoble activité s'est poursuivie illégalement dans la région avec le soutien de la reine locale. Des familles anglaises, américaines ou françaises ayant fait fortune lorsque ce commerce était encore autorisé, ont construit leurs propres infrastructures, mises au jour il y a peu par des archéologues américains, dans des petits villages difficiles d'accès. Même après le départ des chefs de famille européens, leurs femmes guinéennes ont poursuivi ce commerce en vendant leurs propres compatriotes...


Pêcher pour deux repas


Aujourd'hui, Boffa vit difficilement de la pêche. Difficilement car les Guinéens de la côte doivent aussi faire face aux comportements commerciaux des expatriés chinois. Ces derniers, qui fabriquent leurs bateaux de pêche sur place, emploient, certes, des pêcheurs guinéens, mais à la journée et pour seulement 20 000 GNF (environ 1,80€). De quoi se payer deux plats... Surtout, la contrepartie financière versée au gouvernement pour exploiter les eaux guinéennes ne profite pas à la population locale. Par exemple, aucune école n'est installée sur l'île de Marara où se trouve justement deux villages de pêcheurs. Un malheur n'arrivant jamais seul, l'île est également confrontée à la montée des eaux, leur faisant perdre des terres exploitables année après année.


Katty-licisme


Boffa abritait également la première église catholique de Guinée, construite en 1877. Celle qui est encore debout aujourd'hui date de 1934. Elle est la conséquence de la conversion de trois fils du roi des Soussous, emmenés en France par Faidherbe. À leur retour, leur oncle (le nouveau roi) a accepté de leur céder une parcelle à Boffa, pour la construction de l'église, selon Ambroise, qui se dit l'un des descendants de la famille royale Katty.

Depuis, Boffa et son église sont des lieux de pèlerinage pour tous les catholiques guinéens (11% de la population). Tous les ans, au mois de mai, une fête religieuse est organisée sous un impressionnant amphithéâtre extérieur qui peut accueillir, selon nos calculs, plus de 11 000 fidèles.


Cette ville sera la dernière de notre passage en Guinée, écourté pour deux raisons. D'une part, les élections communales ont créé un climat délétère. D'autre part, les transports (routes en piteux état, voitures surchargées et conduite à risque) ne nous ont pas incité à traverser le pays comme prévu. C'est donc en avion que nous avons rejoint la Côte d'Ivoire et sa capitale économique, Abidjan.

You Might Also Like:
bottom of page