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Koba, du lac paisible à la "Sainte Bauxite"


Pour s'éloigner du tumulte de Conakry, nous avons trouvé un petit coin tranquille, un peu plus au Nord, le long de la côte. Le village de Koba, qui en regroupe en réalité quatre petits, a pour avantage de posséder un joli lac, loin de tout. Un des présidents, Lansana Conté, y a d'ailleurs construit sa villa familiale (tout en exagération), où il repose désormais.


Paradis des chauve-souris


Non loin de là, les grottes de Cireyah sont une curiosité naturelle au milieu de la brousse. Un « don de Dieu » selon les habitants voisins. À l'intérieur, les étroits passages creusés dans la pierre où restent parfois un filet d'eau, sont le paradis des chauves-souris. Lorsque des visiteurs comme nous viennent perturber leur repos journalier, nous pouvons aisément nous retrouver sur le passage de ces bêtes un peu maladroites.


Bauxite dépendance


À quelques kilomètres de Koba se trouve la ville de Fria. Cette commune sans intérêt touristique est réputée pour son impressionnante usine, qui a longtemps fait la fierté du pays. On y exploitait la bauxite, un matériau qui sert à fabriquer l'alumine qui donne l'aluminium. La région du Nord-Ouest de la Guinée (Fria, Kobé, Boffa, Kindia) abrite en effet les plus grands gisements au monde de bauxite. Ils permettent de soutenir l'économie vacillante du pays.


À Fria, nous avons rencontré Marie-Louise. Son mari, aujourd'hui à la retraite, a longtemps travaillé dans l'usine qui, à l'époque, était la plus grande d'Afrique (elle reste aujourd'hui la plus grande d'Afrique de l'Ouest). C'est lui qui nous a raconté son histoire.


La pluie et le beau temps


Construite par les colons français dans les années 70, passée entre les mains des Américains, l'usine est la propriété des Russes depuis 2002. Sa présence a attiré de nombreux travailleurs venant de tout le pays et la ville a très largement dépendu de son activité. Hélas, un désaccord salarial entre les jeunes travailleurs et la direction de l'entreprise a provoqué sa fermeture en 2012, les deux parties refusant de négocier.


Cette crise a littéralement éteint la ville. Les hommes l'ont quittée pour tenter leur chance ailleurs, laissant femmes et enfants seuls, sans moyen, et des jeunes au chômage. Pendant trois ans, les habitants ont été privés d'électricité.


Espoir et fatalité


Cette situation a obligé le président actuel, Alpha Condé, à relancer les négociations avec les Russes, aboutissant à une réouverture prévue en avril 2018. Bien sûr, les salaires ne seront pas au rendez-vous, mais le travail oui. Si cela ravive l'espoir de toute la ville, cela témoigne également de l'incroyable dépendance des pays africains aux investisseurs étrangers (Indiens, Chinois et quelques pays européens sont les plus présents en Guinée). Leur présence est presque le seul vecteur d'emploi pour la population. Conséquence : la menace d'une fermeture d'usine déséquilibre complètement le rapport de force lors d’hypothétiques négociations sociales ou salariales...


Une réalité que l'on a constatée un peu partout lors de notre séjour, y compris à Boffa, notre prochaine étape, encore un peu plus au Nord.

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