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Abidjan, carrefour de l'Afrique de l'Ouest

Débarqués un peu par hasard à Abidjan, nous avons apprécié ce court passage en Cote d'Ivoire. D'abord car cette grande ville, qui n'est d'ailleurs pas la capitale du pays (c'est Yamoussoukro), est bien plus agréable à vivre que Dakar ou Conakry. Plus développée, la ville permet à ses habitants de profiter un peu plus de la vie, sachant qu'il existe tout de même de grands bidonvilles à l'entrée d'Abidjan. Aussi, les transports sont plus faciles, la ville est plus aérée, plus propre et il pleut même de temps en temps! Enfin, elle nous a permis de faire de belles rencontres (merci Cécile!).


Pays multiethnique


En Côte d'Ivoire, on recense une soixantaine d'ethnies et donc autant de langues, de traditions et d'histoires. Pour faciliter les choses, elles sont regroupées en quatre groupes ethniques dont les traditions et les langues se rapprochent : les Akan, les Gur, les Krou et les Mandé. Forcément, si cette diversité est un atout, cela peut poser quelques problèmes de communication. Une langue commune a d'ailleurs été créée, mixant le français, l'anglais et les langues locales, appelée le Nouchi. Ces communautés se côtoient sans difficultés et se taquinent même à l'image des Français et des Belges. Ici, cela s'appelle les parentés à plaisanteries.


Si la Côte d'Ivoire est devenue un véritable carrefour pour les populations d'Afrique de l'Ouest, cela est dû à un climat politique stable (à l'époque...) et un développement économique plus important que ses voisins. Les Africains de l'est, comme les Ghanéens, ont fuit un climat politique tendu. Ceux de l'Ouest et du Nord, comme les Guinéens, les Maliens ou les Burkinabés, ont placé leurs espoirs sur la Côte d'Ivoire, espérant des jours meilleurs.


Nous avons été très étonnés par plusieurs aspects montrant un développement économique plus fort : réseau de transport en commun, rues propres, services aux populations (piscine municipale, cinémas,...). Cette richesse se base sur une production très importante de café et de cacao depuis les années 1930. Avec 40% de la production mondiale, la Côte d'Ivoire est d'ailleurs le premier exportateur de cacao sur la planète. La stabilité du pays repose essentiellement sur ce secteur d'activité. Pour preuve, la chute des cours dans les années 1970 et 1990 a entraîné une crise sociale et politique, dont le pays a du mal à se relever. Pour y remédier, la Côte d'Ivoire bascule doucement vers la transformation sur place des matières premières plutôt que de les exporter à bas prix.


Aujourd'hui, les rues d'Abidjan sont calmes et il y fait bon vivre à l'image du quartier Yopougon, l'un des plus populaires de la capitale économique, où nous résidions. Entre les petits bars installés ici et là, les vendeurs de poulets braisés ou d'alloco (bananes plantins frites) et les nombreuses chauves-souris présentes dans les arbres, on peut passer des heures à traîner dans la rue. Mais les Ivoiriens n'oublient pas qu'ils ont traversé une grave crise politique en 2011.


Une guerre de pouvoir a opposé l'actuel président, Alassane Ouattara, à son prédécesseur, Laurent Gbagbo, provoquant des émeutes et de nombreuses victimes civiles. Gbagbo est aujourd'hui incarcéré pour crime contre l'humanité. De son côté, Ouattara, sur qui pèse des soupçons d'exactions tout aussi graves et qui doit sa "victoire" aux soutiens de chefs d'Etat étrangers, s'en sort bien. Mais depuis sa prise de fonction, il cherche à réconcilier la population. Le pays a retrouvé le calme. Il faut espérer que cela dure au delà de sa présence au pouvoir...


A chaque ethnie ses traditions


Le Musée National d'Abidjan permet de mieux comprendre la culture des masques dans chaque ethnie. Quelles que soient les cultures africaines (en tout cas, de l'Ouest), tous les objets sont utiles. Leur création répond à un besoin. Voici quelques exemples (pas toujours simples à expliquer...) :

  • Le masque M'MA (ethnie des AKAN) est un lieu de recueil pour les défunts.

  • Les statues de la maternité sont touchées par les femmes n'arrivant pas à enfanter.

  • Le masque Kloro (ethnie des AKAN) aide les rois dans leurs missions quotidiennes, notamment pour régler les conflits.

Chaque ethnie a également ses légendes. Pour les Baoulés venus du Ghana, du groupe Akan, majoritaire en Côte d'Ivoire (environ 40%), la reine Abraha Pokou reste dans les mémoires. Lors de la fuite de son peuple poursuivi par l'ennemi, elle a sacrifié son propre fils pour obtenir l'aide du génie et ainsi traverser le fleuve. Depuis, pour lui rendre hommage, la transmission du pouvoir est matrilinéaire (de mère en fille) chez les Akans.


Enrichis par ce passage en Cote d'Ivoire, nous avons entamé un long (très long) voyage en bus jusqu'à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, pour rejoindre Julie (la sœur d'Antoine).

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