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Diembering, en terre Diola


Antichambre de Cap Skirring, ville touristique de la côte casamançaise, le village de Diembering est un véritable labyrinthe loin du Club Med de la ville voisine. Calmes et authentiques, ses petites ruelles cachent d'énormes fromagers et un grand baobab qui fait office de porte d'entrée. Les villageois, conscients de la difficulté de s'orienter dans leur village, n'hésitent pas à nous accompagner jusqu'à notre destination. Voire, nous crier du bout de la rue que nous prenons le mauvais chemin !

Du vin sans raisin

C'est là-bas que nous avons rencontré Koudiom, natif du village, Noellia, sa femme espagnole, et leur fille. Sans oublier leur chien, un peu collant, qui nous a suivi jusqu'au village de Kachouane, à 9 km. Lors de cette excursion sableuse, nous nous sommes arrêtés dans un camp de récolteurs de vin de palme.

Ce liquide blanchâtre vient du palmier rônier, présent en masse en Casamance. Pour le récupérer, il faut grimper au somment du tronc à l'aide d'une ceinture, y faire une entaille pour y glisser un entonnoir naturel fabriqué avec... les feuilles du palmier, comme le baudrier des récolteurs. Au bout de cette installation, les hommes y accrochent des bouteilles qu'ils récupèrent dans la journée, pleines.

A la sortie de l'arbre, la sève est sucrée. Elle devient gazeuse et alcoolisée en quelques heures seulement, jusqu'à devenir suffisamment forte pour lui prêter des vertus hallucinatoires.

Ces hommes, fiers de nous faire goûter le fruit de leur dangereux travail (en haut de l'arbre, les accidents de ceinture ne pardonnent pas), vivent à la dure. Ils restent isolés dans la forêt pendant des jours. La chasse est donc leur seul moyen de se nourrir. Ils pestent d'ailleurs sur les touristes chasseurs qui, par leur hobby, les amputent d'un gibier précieux.

La culture Diola, complexe mais partagée

Près de Diembering, les habitants sont essentiellement des Diola Kassa. Malgré l'arrivée de la religion catholique, cette ethnie conserve de fortes traditions animistes (reconnaissant l'existence d'une âme dans tous les éléments naturels). Dans la région ouest de la Casamance, la culture est particulièrement préservée et certains n'hésitent pas à la partager avec les visiteurs. C'est le cas de Karfa qui a créé son propre musée de plein air, qu'il considère comme une forêt sacrée, terre de ses ancêtres. Mais aussi de Demba (et sa tortue canadienne, pêchée par inadvertance), amoureux de son village Bouyouye.

Accrochez vos ceintures, nous allons tenter de vous transmettre leur culture...

Les Diola, kesako ?

La culture Diola est faite de rituels et de vénérations aux ancêtres, à la terre et au Dieu unique. Les habitants peuvent être amenés à s'adresser à ces esprits spirituels. Très puissants, ils sont capables de punir les villageois individuellement ou collectivement jusqu'à les exterminer par le biais d'une épidémie par exemple. Il est donc essentiel de les respecter et de les consulter pour leur demander protection, conseil ou pardon.

Comment communiquent-ils avec leur Dieu ?

Les Diola animistes (ce qui n'empêche pas d'être musulman ou chrétien) ne s'adressent pas directement à Dieu. Un habitant va d'abord rencontrer l'un des féticheurs du village dans un endroit sacré, en amenant une offrande (bouteille de vin de palme ou de sang d'animaux). Il lui expose la raison de sa venue puis le féticheur entre en contact avec les boekings (génies, ou encore anges). Ces boekings sont l'intermédiaire entre Dieu et les Hommes.

Comment un féticheur est-il choisi ?

Un féticheur n'est pas élu par la communauté. Il est désigné par des signes surnaturels qu'il ressent lui-même et que les habitants comprennent sans en discuter. Lorsque le féticheur en est conscient, il ne peut refuser ce rôle sous peine d'être puni lui et sa famille.

Qu'est-ce qu'un fétiche ?

Un fétiche est le lieu sacré où les féticheurs rencontrent les habitants et entrent en contact avec les boekings. C'est ici que les offrandes sont faites. Il existe plusieurs fétiches dont les rôles varient. L'un est réservé uniquement aux mères (interdit aux femmes ayant perdu leur enfant), un autre pour s'adresser aux morts, etc...

L'initiation, un rituel strict

Parmi les rituels pratiqués par les Diola : l'initiation. Pour les jeunes garçons circoncis, c'est le passage à l'âge adulte. Pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois, ils sont réunis dans le bois sacré, accompagnés de certains de leurs aînés. Ceux-ci sont chargés de leur transmettre leurs savoirs religieux, militaires et sociaux. Une des méthodes pour les endurcir est de jeûner pendant quelques jours. Les enfants doivent apprendre à se nourrir et à survivre seuls dans une nature hostile.

Bien loin de nos habitudes européennes, la culture Diola est, vous l'aurez compris, difficile à appréhender. Ce séjour en terre Diola kassa a donc été très enrichissant et agréable par sa nature florissante. A moins de 60 kilomètres au Nord, Abéné est également un territoire Diola mais composé d'autres groupes ethniques, animistes musulmans cette fois : les blouf, les karone ou encore les fogny.

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