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Grand-Popo, la lagune à consonance brésilienne


Pour notre première halte au Bénin, nous n'avons pas été dépaysés car la ville de Grand-Popo ressemble à ses voisines maritimes togolaises. La culture est très proche de celle de l'ethnie des Ewé, présente dans le sud du Togo. D'ailleurs, un seul fleuve, le Mono, sépare ces deux pays. Une frontière naturelle qui permet bien souvent de passer entre les mailles du filets car les contrôles douaniers sont très rares. L'essence trafiquée, en provenance du Nigéria, passe sur les pirogues pour arriver au Togo (et en cas de contrôle, les militaires prennent de toute façon leur part du gâteau).


Baleines et lamantins au large


Ici aussi, la mer grignote doucement les terres, ce qui pourrait bien dégrader la particularité de Grand-Popo : la Bouche du Roy. Cette embouchure du fleuve Mono coupe la terre en deux. D'un côté, la mer très agitée du Golfe de Guinée et de l'autre, les eaux douces et paisibles du long cours d'eau. Le littoral est aussi une réserve protégée car il abrite plusieurs espèces menacées comme les baleines, les lamantins, les dauphins ou encore les tortues de mer. Les nombreux pêcheurs marins ou fluviaux ont évidemment interdiction de les capturer dans leurs filets.

Sur la plage, on peut observer les villageois s'entraider pour extraire les filets. Une bonne vingtaine de personnes, alignée, est nécessaire pour cette remontée.

Agoué et la diaspora béninoise


De l'autre côté de la ville, Agoué et ses maisons coloniales rappellent le temps où les Portugais venaient faire leur marché. Ils s'appuyaient sur des locaux fortunés pour le commerce d'esclaves. C'est le cas de la famille Johnson qui vivait dans une belle maison portugaise, surélevée et dotée d'un grand balcon. Ce dernier a toute son importance car de là, le chef de famille, observait tout le village et choisissait ainsi, selon le comportement de chacun, les futurs esclaves destinés principalement au Brésil.

Beaucoup d'esclaves affranchis en sont revenus. Étonnamment, certains d'entre eux se sont adonnés à leur tour au commerce d'esclaves. C'est le cas de Joaquim d'Almeida, le premier esclave brésilien, qui s'est installé à Agoué en 1835 et a fondé une base commerciale consacrée à l'envoi de ses compatriotes vers Bahia (Brésil). Sa réussite financière a motivé d'autres affranchis à pratiquer ce business lugubre. Dans la région, la diaspora béninoise est donc très nombreuse à avoir fait son retour au pays. Heureusement pas tous dans le but de faire fortune dans la traite négrière. Les aïeux du premier président togolais Sylvanus Olimpio par exemple ont, eux, accueilli dans leur maison d'Agoué de jeunes esclaves affranchis pour les élever.


D'ailleurs, Sylvanus Olimpio, assassiné lors d'un coup d'Etat à Lomé, est enterré dans le cimetière d'Agoué. Un cimetière qui compte de nombreux noms sont à consonances portugaises : De Souza, Alves, D'Almeida,... Leurs descendants sont encore aujourd'hui appelés "les Brésiliens".


Mais Agoué n'était qu'une petite plateforme de ce trafic humain à grande échelle. Ouidah, notre prochaine destination, était quant à elle l'épicentre de la traite négrière dans cette région de l'Afrique.

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