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Gorée, symbole de la folie humaine


De retour dans la capitale après deux mois dans le Sud du Sénégal, nous avons profité de la venue de nos familles pour visiter l'île de Gorée, au large du port de Dakar. Connue mondialement pour son rôle central dans la traite négrière, cette « charmante » petite île de 900m de long sur 300m de large, est composée d'étroites ruelles colorées où les bougainvilliers viennent compléter ce véritable paysage de carte postale. Elle est malheureusement envahie par de nombreux vendeurs. Si leurs œuvres ajoutent une touche artistique à la petite cité, leur entrain rend la balade parfois difficile. Une beauté physique qui contraste avec le lourd passé de l'île.

Un lieu stratégique

L'architecture de l'île est l'héritage de la présence coloniale depuis sa découverte en 1444 par les Portugais. Convoitée par les Européens (Portugais, Français, Néerlandais et Anglais) pour son emplacement idéal ouvrant la porte à l'Afrique de l'Ouest sans avoir à poser leurs valises sur le continent, Gorée est passée aux mains des Français en 1667. Jusqu'en 1830, date à partir de laquelle les activités sont transférées à Dakar, elle connaît une expansion économique incroyable. Elle est le point de passage obligatoire pour tout commerce vers les quatre autres continents. Arachides, gommes, peaux et or transitent par Gorée. Les esclaves aussi.

Maison barbare

Pour cette raison, l'île est le plus grand symbole de la traite négrière et du fameux commerce triangulaire. La Maison des Esclaves relate ce triste passé. Située au bord des rochers, elle accueillait hommes, femmes et enfants, séparés et entassés dans différentes cellules, sombres et minuscules.

À chaque esclave son prix et donc des critères d'achat : les hommes pour leur force, les femmes pour leur poitrine et les enfants pour leur agilité, à condition bien sûr d'être suffisamment « en forme ». Les plus fragiles étaient donc gavés et n'étaient envoyés qu'après leur passage à la pesée. Vivant déjà dans des conditions abominables, les récalcitrants étaient mis en quarantaine sous les escaliers pendant des jours, sans possibilité de se lever. Ceux qui ne pouvaient finalement pas être vendus étaient jetés dans la mer où attendaient sagement les requins présents à cette époque. Les autres passaient par l'unique porte de sortie, la « porte de non-retour » pour embarquer vers l'Europe ou les Amériques.

Comme une ultime sentence, ils ne revoyaient jamais le continent africain. Comble de l'atrocité coloniale, les responsables de ce trafic étaient à la fois acteurs et spectateurs, vivant tranquillement dans le luxe à l'étage, avec une vue imprenable sur l'horreur.

Contrairement à ce que l'on pourrait croire, Gorée n'a pas été le plus grand centre névralgique de l'esclavage selon des historiens de l'IFAN (Institut fondamental d'Afrique noire). Qu'importe l'île de Gorée est essentielle pour se rappeler de cette cruelle période que l'on pourrait croire lointaine. Pourtant, l'actualité récente en Lybie et, on le sait moins, en Mauritanie, a montré que l'esclavage n'avait pas encore disparu.

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