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Abomey, une cruelle histoire de rois


Parmi les grands empires et royaumes qu'a connu le continent africain, celui de Dahomey a marqué l'histoire. D'abord, c'est l'un des derniers en date : la dynastie démarrée en 1600 s'est achevée seulement en 1900 lorsque les Français ont pris le pouvoir. Ensuite, parmi les douze rois qui se sont succédé, certains ont pleinement participé à la traite négrière.


Le royaume de Dahomey a été créé suite à une guerre de succession entre trois frères issus d'un autre royaume, celui d'Allada. Le premier a conservé le territoire familial, le second a rejoint Porto-Novo et le troisième a bâti celui d'Abomey. Ce dernier (rebaptisé Dahomey après une mauvaise retranscription des Européens) est devenu le plus puissant de la région et a conquis Allada cent ans plus tard, puis s'est étendu jusqu'à la côte. La raison ? Le marché des esclaves, très lucratif, a attisé les convoitises du roi.


40 hectares de palais


Douze rois ont officiellement trôné, bâtissant chacun leur palais au cœur de la ville d'Abomey. La règle veut que chaque nouveau palais soit construit à côté du précédent. Ainsi, l'ensemble royal représente une superficie de plus de 40 hectares ! Deux d'entre eux sont encore en bon état et sont devenus des musées : ceux des rois Ghézo et Glélé, principaux collaborateurs des négriers européens. L'entente était parfois si bonne que le roi Ghézo a même nommé un négrier portugais, De Souza, vice-roi à Ouidah, là où se faisait l'embarquement des esclaves.

Les modes de vie des rois témoignent de l'extrême cruauté dont ils faisaient preuve. Voici quelques exemples :

  • Le trône d'un d'entre eux reposait sur quatre crânes humains.

  • Des cases funéraires ont été construites en mélangeant le sang des captifs à la terre.

  • À la mort du roi Ghézo, 41 de ses femmes ont été enterrées vivantes pour l'accompagner (elles étaient soit disant volontaires).

  • Sur les fresques murales des palais, on peut voir des scènes de guerre particulièrement sordides, voire obscènes.


Gbéhanzin, héros national


C'est le point commun entre tous les rois : tous étaient des guerriers. Gbéhanzin reste l'un des plus populaires puisque, contrairement à ses aïeux, il a combattu les Français, rejetant leur impérialisme et le marché des esclaves. Malgré un rapport de force complètement inégal, le roi Gbéhanzin a tout tenté pour garder son indépendance. Il a d'ailleurs levé une armée de femmes, les célèbres Amazones du Dahomey, qui ramenaient fièrement les têtes coupées de leurs ennemis français.


Après plusieurs années de lutte, Gbéhanzin a fini par comprendre qu'il ne pourrait plus résister et s'est rendu en 1894. Envoyé en Martinique pour l'éloigner d'une population qui lui faisait encore confiance, il ne reverra jamais son pays et mourra en Algérie. À Abomey, une place publique, où a eu lieu le dernier combat contre les Français, lui est aujourd'hui dédiée. Sa statue le montre main tendue devant lui, comme pour dire aux Européens qu'ils ne passeront pas.


Après lui, seul un roi a trôné jusqu'en 1900, gênant encore un peu trop les Français. Ces derniers ont finalement décidé de dissoudre le royaume pour créer la Colonie du Dahomey. Signe que le royaume a marqué l'histoire du Bénin, son premier président après l'indépendance en 1960 a choisi le nom de République du Dahomey avant de devenir la République du Bénin, en 1975.

Entre nos visites culturelles, nous avons fait un détour par le centre de séchage de fruits exotiques. Celui d'Abomey est réputé pour ses mangues et ses ananas séchés, en confiture ou en jus. Un vrai régal ! Un peu fatigués par le voyage et franchement pas rassurés par la conduite des chauffeurs béninois, nous avons décidé de limiter nos déplacements et de redescendre vers Porto-Novo, capitale politique et administrative du Bénin.

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