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Saint-Louis tire la Langue


Sur la route de Saint-Louis, au Nord du pays, nous avons fait une halte à Lompoul-sur-Mer. Sa région est connue pour le maraîchage et son petit désert de 18 km². Sorti de nulle part, ces dunes de sable donnent une idée de ce que peut être le désert mauritanien, le Sahel.

Saint-Louis, ancienne capitale en péril

Découverte par un Normand au XVIIe siècle, l'île de Saint-Louis est rapidement devenue le point d'attache des colons français. Idéalement située à l'embouchure du fleuve Sénégal et de l'Océan Atlantique, ce petit bout de terre de 2kms de long et à peine 400m de large s'est développé grâce au commerce, notamment de la gomme arabique.

Saint-Louis, ville économique par excellence, est devenue capitale de l'Afrique Occidentale Française (AOF) à la fin du XIXe siècle. Comme les habitants de Gorée, Dakar et Rufisque (actuelle banlieue de Dakar), les Saint-Louisiens avaient la nationalité française et étaient représentés par un député à l'Assemblée Nationale.

Il reste de l'époque coloniale de jolis bâtiments colorés et leur balcon en fer forgé qui font le charme de la ville. Malheureusement, depuis que Dakar a détrôné l'ancienne capitale, les quartiers tirent la langue et les maisons tombent en ruine. Classée au patrimoine mondial en 2000, Saint-Louis est petit à petit rénovée grâce à l'aide de l'UNESCO mais cela prend du temps. Beaucoup de temps...

La répartition des quartiers de la ville reste identique à celle d'antan. Le Sud pour les chrétiens et le Nord pour les musulmans. La mosquée de la ville est une curiosité. Sa forme rappelle celle d'une église avec ses deux tours, son horloge et même sa cloche. Une marque des colons qui, poussés par les habitants musulmans à leur offrir un édifice religieux, ont répondu par un pied de nez.

La langue de Barbarie

La ville s'étend au-delà de l'île, sur le continent à l'Est et sur la Langue de Barbarie à l'Ouest. C'est sur cette avancée d'une trentaine de kilomètres, coincée entre l'Océan et le fleuve, que les pêcheurs se sont installés. Ils vivent entassés dans une grande pauvreté. D'années en années, leur quartier surpeuplé, est de plus en plus étroit. Ce phénomène s'explique par deux raisons. Issus de l'ethnie des Lébous, les pêcheurs conservent de fortes traditions dont celle de la polygamie et du nombre important d'enfants par femme (près de 10 enfants par femme). De plus, la mer grignote leur espace vital.

Comme le quartier des pêcheurs, de nombreux villages sont menacés. C'est la Langue de Barbarie toute entière qui manque de disparaître.

En 2003, Saint-Louis étant inondée par la montée des eaux du fleuve, l’État a ouvert une brèche dans la Langue pour que les eaux s'écoulent dans la mer. Mal maîtrisée, la brèche s'est élargie jusqu'à en rejoindre une seconde, naturelle. Aujourd'hui, l'unique ouverture mesure plus de 5kms. Des campements et habitations ont déjà été avalés par la mer. Un triste spectacle qui nous montre qu'on ne défie pas les lois de la Nature...

Impuissant, l’État tente de convaincre les pêcheurs d'évacuer leur quartier. En vain. Ils refusent de quitter le territoire qui les fait vivre malgré le danger qu'il représente.

Tout près de Saint-Louis, le Parc du Djoudj nous a ensuite ouvert ses portes pour un ballet spectaculaire de milliers de pélicans...

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