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Lomé, jeune et calme capitale


Lorsque l'on a connu les métropoles foisonnantes de Dakar (Sénégal) ou de Conakry (Guinée), la capitale du Togo apparaît bien calme, voire quasiment désertes dans certaines rues. Ce n'est pas pour nous déplaire. Pour autant, Lomé, capitale bordée par l'Océan Atlantique et collée au Ghana voisin (c'est d'ailleurs l'unique capitale coupée par une frontière), n'offre pas grand-chose à faire ni à voir.


Transfert de capitales


Une grande plage garnie de cocotiers longe la ville d'un bout à l'autre. Une cathédrale de style allemand est l'un des rares monuments « historiques ». Quelques marchés animent les rues. Le port, dont on a récemment entendu parler dans l'actualité lors de la garde à vue de l'homme d'affaires français (et ami du président togolais...) Vincent Bolloré, démontre l'activité économique intense que connaît, mais surtout qu'a connu, la capitale.


Si Lomé ne dispose pas d'édifices historiques, c'est tout simplement car la plus grande ville du Togo est récente. Elle n'est la capitale du pays que depuis 1897, lorsque les Allemands, constatant son développement économique impressionnant et malgré son faible nombre d'habitants (environ 2 000), ont décidé de transférer le centre politique, initialement basée à Togoville.

Pour la petite histoire, l'origine du développement de la ville, en 1880, s'explique par le besoin des commerçants d'éviter les taxes douanières imposées par les Britanniques, qui dominaient une grande partie de la région. Après la construction de son port en 1904, Lomé est rapidement devenue le point de passage obligatoire pour l'import-export, devançant ses rivales nationales (notamment la ville d'Aného).


Lomé a alors concentré l'ensemble des activités économiques du pays, et au-delà grâce au port, où transitent essentiellement coton, pétrole, bois, phosphate, cacao, café et huile de palme, venus du Togo et des pays voisins. La ville portuaire s'est développée à la vitesse de la lumière dans les années 1950-1970, alors que le pays avait basculé entre les mains des Français. Mais une crise économique dans les années 1990 a très largement freiné l'activité loméenne. Elle est depuis « rentrée dans le rang ».


Gnassingbé un jour, Gnassingbé toujours


La capitale est aussi l'occasion de parler de la politique du pays. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que cela n'est pas réjouissant. Après l'indépendance en 1960, le Togo est malheureusement le premier pays africain à vivre un coup d’État. Celui-ci coûte la vie au premier président, Sylvanius Olympio.


Quelques années plus tard, le sergent Etienne Gnassingbé Eyadema, impliqué dans le premier puis un second coup d’État, prend finalement le pouvoir. Il impose alors une politique particulièrement autoritaire, pour ne pas dire dictatoriale, avec un parti unique et de violentes répressions contre ses opposants. Le président modifiant la Constitution pour pouvoir se représenter indéfiniment, reste au pouvoir durant quatre décennies (!) et jusqu'à sa mort, en 2005.

Mais le Togo n'en a pas fini avec la famille Gnassingbé. Le fils de l'ancien président a pris la succession de son père suite à un scrutin « entaché d'irrégularités et de graves violences » d'après Amnesty International. Il en est aujourd'hui à son troisième mandat, et les Togolais ont, d'après ce que l'on a pu entendre, perdu tout espoir de changement.


Politiquement incorrect


À notre arrivée dans le pays, nous avons entendu parler de manifestations dans plusieurs villes. Elles ont été réprimées, puis tout simplement interdites avec des menaces de violentes répressions. À Kpalimé, plusieurs marches ont eu lieu. Là-bas, on nous a expliqué que l'armée avait fait irruption dans la ville au lendemain de l'une d'entre elles. Les miliaires se seraient alors livrés à des violences gratuites, au sein même des maisons choisies au hasard. Objectif selon les habitants : punir et surtout effrayer la population si celle-ci avait encore la « mauvaise idée » de manifester. Autre comportement étonnant : on nous dit qu'à l'approche des élections, le président Faure Gnassingbé arrive dans les villes avec une valise pleine de billets qu'il distribue grassement à la population. De quoi s'assurer une réélection aux frais de l’État...


Après avoir visité l'actuelle capitale, nous sommes allés découvrir l'histoire de son ancêtre, Togoville, qui a donné son nom au pays.

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